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The Return Of An Emblematic French Watchmaker | Part I
Insight

Le retour d'un horloger français emblématique | Première partie

Les Contes de Yema
Publié par : Samuel Ng
Jun 20, 2024
Introduction

L’industrie horlogère s’étend bien au-delà des frontières traditionnelles de la Suisse. De nombreuses entreprises dans le monde fabriquent des garde-temps exquis, défiant la domination suisse. Aujourd’hui, nous nous penchons sur l’un de ces horlogers, situé aux portes de la Suisse – la France. Réputée pour son art de la discrétion et son art de vivre riche en plaisirs culinaires et en rencontres mondaines, la France possède un patrimoine millénaire, dont la production de grands vins. Il n'est pas surprenant que l'horlogerie française reflète cet attachement à la qualité et à la sophistication. Je suis peut-être partial, car ce pays produit des vins fins depuis au moins 2 600 ans. Cela dit, vous auriez une idée du pays auquel je fais référence, et oui, c'est la France. Bonne soirée.

Parmi les pionniers de l'horlogerie française figurent des marques vénérables comme Breguet et Cartier, enracinées dans les traditions médiévales. Pourtant, de nouveaux venus comme Bell & Ross, Richard Mille et Yema ont également laissé des marques indélébiles sur l’industrie. Nous nous concentrons ici sur Yema, la jeune prétendante née à la fin des années quarante, réputée pour la fabrication de montres-outils emblématiques. Malgré les défis rencontrés au cours des dernières décennies, l'héritage de Yema perdure, alimenté par son engagement en faveur de l'innovation et de la qualité.

La réputation de Yema repose sur des garde-temps exceptionnels qui trouvent un écho auprès des connaisseurs du monde entier. La légendaire montre de plongée Superman des années 60 reste une création remarquable, incarnant le mélange de style et de fonctionnalité de Yema. Cependant, en approfondissant l'histoire de Yema, on découvre un trésor de designs innovants répondant à des goûts et des besoins divers. Des montres civiles abordables mais raffinées aux instruments de précision pour les professionnels, Yema a maintenu un niveau d'excellence constant. Non seulement dans l'horlogerie, la marque a eu une incroyable présence sur les territoires locaux et internationaux grâce à l'optimisation de son processus de fabrication et de ses canaux de distribution.

Apporter une horlogerie nostalgique de France

Au-delà de l’horlogerie, Yema a stratégiquement étendu sa présence à l’échelle mondiale grâce à des stratégies efficaces de fabrication et de distribution. Cette approche stratégique a largement contribué à l'attrait durable de la marque auprès des collectionneurs et des passionnés. Dans cette exploration en deux parties, nous retracerons le parcours de Yema depuis ses débuts modestes jusqu'à son statut actuel d'acteur respecté sur la scène horlogère mondiale.

La première partie de cette série se penchera sur les origines de Yema et son modèle commercial pionnier au cours de ses années de formation. Nous explorerons comment le mode de fonctionnement de Yema au début, y compris ses collections ciblées, reflètent la philosophie de qualité et d'accessibilité de la marque. Ce style unique de développement de ses collections met en valeur la maîtrise de Yema dans la création de montres durables mais abordables, un héritage qui continue d'attirer les collectionneurs en quête de valeur et de savoir-faire. Nous terminerons sur la façon dont la marque, comme nombre de ses horlogers français voisins, a traversé les tourments et s'est plongée dans une période difficile où Yema a failli disparaître du monde.

Dieu merci, Yema ramène des créations authentiques du patrimoine pour les amateurs de montres.

Restez à l'écoute pour la deuxième partie, où nous examinerons les collections et les partenariats de renaissance moderne de Yema, soulignant comment la marque a survécu à sa période la plus sombre pendant la crise du Quartz, tout en mélangeant harmonieusement le design patrimonial avec les innovations contemporaines. Nous explorerons également l'attrait durable des prouesses horlogères de Yema, proposant plusieurs calibres de maison dont peu de gens peuvent aujourd'hui se vanter, renforçant ainsi son statut de choix intemporel pour les amateurs de montres exigeants. Rejoignez-nous pour découvrir l'allure intemporelle des montres Yema, un témoignage du savoir-faire et de l'ingéniosité française. Ai-je également mentionné qu’avec tout cela, ils constituent encore aujourd’hui une grande valeur produite dont nous pouvons profiter éternellement ?



L'horlogerie dans le sang

L'acte de naissance d'Henri Louis Blum, alias Henri "Louis B"elmont". (Crédit photo : Leclubyema)


Il était une fois dans la charmante ville de Besançon, une légende est née. Le monde ne savait pas grand-chose de l’homme extraordinaire à l’origine de la création d’une marque horlogère française renommée. L'histoire se déroule par une froide journée de décembre 1912, lorsque Henri Louis Blum, un horloger talentueux suivant les traces de son père, met au monde un fils avec son épouse bien-aimée, Berthe Gysel. Ils l'appelèrent Henri Louis Blum, perpétuant un héritage qui allait bientôt captiver le monde horloger.


Mais cette histoire prend une tournure inattendue lorsque le jeune Henri Louis Blum Jr. se lance dans l'art complexe de l'horlogerie à l'âge de 16 ans en 1927. Son parcours commence à la prestigieuse École nationale d'horlogerie de Besançon, où sa passion pour l'horlogerie s'est forgée avec la précision d'un médaillé d'argent diplômé en 1931. Surnommé affectueusement "Le'Horlo" par ses camarades, le dévouement d'Henri Blum Jr. à son métier était inégalé. Son lien avec l'école se approfondit lorsqu'il devient membre actif de l'Association Amicale des Anciens Elèves (AAAE), dont il assume finalement la présidence jusqu'en 1957.

L'Ecole Nationale d'Horlogerie de Besançon. (Crédit photo : Leclubyema)

Une fois ses études terminées, le jeune homme était déterminé à perfectionner davantage son métier. Il a consacré deux années à travailler aux côtés de son père dans leur atelier, à perfectionner ses compétences et à s'imprégner des subtilités de l'horlogerie. Mais le destin s'en mêle puisqu'il est appelé à accomplir son service militaire obligatoire, rite de passage pour tous les hommes français de sa génération.

Une photo du jeune Henri lorsqu'il fut nommé président de l'AAAE. (Crédit photo : Leclubyema)

À 22 ans, armé d'une passion pour l'horlogerie et du sens du devoir, il sert comme sergent dans l'unité blindée, apprenant la discipline et la résilience face aux défis. Après son service militaire, il entame son parcours professionnel, rejoignant les rangs estimés de l'une des manufactures horlogères les plus renommées de France – LIP.

LIP, abréviation de d'Horlogerie Lipmann Frères, peut se vanter d'une riche histoire remontant à 1893, lorsqu'elle s'est lancée pour la première fois dans la fabrication d'horloges et de montres. Henri Louis Blum a eu la chance de débuter sa carrière dans un établissement aussi prestigieux, entouré d'artisans chevronnés et d'un héritage d'excellence en matière de garde-temps.

Son passage chez LIP a marqué le début d'une période de transformation, au cours de laquelle il a non seulement contribué à l'héritage de l'entreprise, mais a également perfectionné son expertise, jetant ainsi les bases de ses futurs projets dans le monde de l'horlogerie. Ce chapitre de son parcours façonnera son approche de l’artisanat et de l’innovation, ouvrant la voie à son éventuel rôle dans l’élaboration du paysage de l’horlogerie française.



Temps de guerre avant Yema

Bien qu’il n’assume pas le rôle d’horloger à plein temps au sein de l’entreprise, il a apporté une contribution significative à un autre titre. En tant qu'organisateur de production au sein du service de contrôle, ses responsabilités incluaient la supervision de l'atelier d'assemblage des grandes pièces horlogères. Ce rôle, qu'il occupe depuis le début jusqu'en 1944, marque les premières étapes de son parcours pour devenir directeur de production des usines LIP.

Au cours de cette période charnière, sa passion inébranlable pour le métier et sa richesse d'expérience ont culminé dans son élévation à un rôle de leadership au sein de l'une des marques horlogères les plus estimées de France (ou la meilleure à l'époque). Au lieu de poursuivre une formation formelle en entrepreneuriat, il a acquis un sens des affaires inestimable grâce à son expérience pratique et à son dévouement à sa carrière.

Libérateurs à Bseançon en septembre 1944. (Crédit photo : Leclubyema)

Les années quarante ont été marquées par une période tumultueuse à l’échelle mondiale, la France étant profondément en proie à la guerre. L’occupation allemande jetait une ombre de désolation sur la nation et les défis semblaient insurmontables. Cependant, au milieu de cette adversité, Henri Blum reste fidèle à sa quête de l’excellence. Il a navigué à travers les nuages ​​sombres de l’incertitude, voyant les libérateurs de Besançon lutter sans relâche pour la liberté, une lutte qui a finalement conduit à la victoire.

Il est une fois de plus important de souligner cette période de bouleversements et de résilience qui a façonné le caractère et le parcours professionnel d'Henri Blum, lui insufflant le courage et la détermination qui définiront son héritage dans le monde de l'horlogerie. Sa capacité à prospérer dans l’adversité et son engagement envers son métier ont souligné sa passion durable et son leadership au sein de l’industrie.



Le début

Même les individus les plus puissants ne peuvent arrêter la marche inexorable du temps. En 1944, Henri Blum témoigne de la libération de Besançon, un profond moment d'espoir dans une époque tumultueuse, grâce aux résistants. Quatre ans plus tard, animé par sa détermination et sa vision de l'avenir, il s'est lancé dans un voyage transformateur avec une équipe de cinq jeunes horlogers pour créer une nouvelle entreprise : « Yema ». Le nom lui-même a été découvert par un lycéen lors d'un concours orchestré par nul autre qu'Henri Louis Blum, résonnant d'ingéniosité et de promesses juvéniles. Leur siège social, niché au 3 rue Paul Bert au cœur du pôle horloger de Besançon, symbolisait une nouvelle ère de l'horlogerie.

Une facture de 1960, prouvant l'emplacement de l'usine Yema au 3 rue Paul Bert à Besançon. (Crédit photo : Leclubyema)

Fort de ses expériences au LIP, le bastion de l'horlogerie française, Henri a mis en œuvre des méthodologies stratégiques de production et de marketing, plaçant Yema sur la voie du succès dès sa création. La collaboration avec des fournisseurs suisses et français a permis de garantir que les garde-temps Yema affichaient une qualité irréprochable tout en tirant parti de l'expertise de fabricants spécialisés pour des composants cruciaux tels que les mouvements mécaniques.

Les modèles chronographes de Yema, réputés pour leur précision, s'appuyaient sur des mouvements suisses réputés tels que les Valjoux 72 et 92, synonymes de fiabilité et de précision. Les composants d'origine locale, comme les calibres T18 avec spiraux Breguet et systèmes anti-choc emblématiques, témoignent de l'engagement de Yema envers l'excellence. Notamment, ces calibres T18 ont non seulement été utilisés par Yema, mais ont également trouvé leur place dans les montres produites par LIP, témoignage de leur savoir-faire supérieur.

Le calibre T18 fiable du LIP.

Une réalisation remarquable a été l'adoption par Yema du calibre à remontage manuel 23D de Jeambrun, fabriqué dans le pittoresque village français de Maîche, dans le département du Doubs. Ces mouvements méticuleusement assemblés, dotés de fonctionnalités avancées comme un balancier à vis en glucydur et des systèmes de protection contre les chocs, ont été intégrés dans des montres destinées aux prestigieuses exportations de LIP vers le marché américain. Le sens technique d'Henri Blum, affiné au cours de son mandat de directeur technique de LIP, a facilité l'accès de Yema à ces calibres d'exception, consolidant ainsi sa réputation de précision et d'innovation.

Un Jeambrun 23D de 17 rubis des années cinquante.



Innovation avec qualité

Grâce aux initiatives stratégiques menées par Henri Blum, Yema a rapidement capitalisé sur son expertise horlogère et ses processus d'assemblage efficaces. L'entreprise a activement promu la qualité exceptionnelle de ses garde-temps et a démontré ses prouesses dans les opérations industrielles, établissant dès le début une présence dynamique sur le marché français. Reconnaissant les normes élevées de ses garde-temps, Henri Blum les a fièrement présentés dans de prestigieux concours horlogers, tirant parti des victoires pour renforcer davantage la réputation de Yema.

Une première publicité de la montre Miniplan de Yema en 1955. (Crédit photo : Leclubyema)

L'élégant modèle Miniplan est un exemple frappant des premiers succès de Yema. Cette montre habillée « extra plate », mesurant 33 mm de diamètre et 7,9 mm d'épaisseur, présentait un cadran captivant et une finition de fond exquise abritant un calibre fiable à remontage manuel de 21 rubis. Le savoir-faire exceptionnel du Miniplan lui a valu la reconnaissance du CETEHOR (Centre Technique de l'Industrie Horlogère), un organisme estimé relevant du ministère de l'Économie, des Finances, de l'Industrie et de la Recherche. Le système de classement annuel « étoiles » du CETEHOR, semblable au célèbre « Poinçon de Besançon », a attribué au Miniplan un impressionnant trois étoiles, affirmant sa qualité parmi les garde-temps de fabrication française.

Une Yema Miniplan de 1956, regardez ce magnifique motif de fond de boîtier. (Crédit photo : Leclubyema)

Cette distinction a fourni à Henri Blum une puissante approbation pour démontrer l'engagement de Yema envers l'artisanat et la précision. Le succès du Miniplan dans le classement a accru la visibilité et la réputation de la marque dans toute la France, consolidant ainsi la position de Yema en tant que leader dans le domaine de la haute horlogerie.



SORMEL - Le système d'industrialisation pionnier de Yema

Le début des années 50 marque un tournant pour Yema puisque ses efforts marketing portent leurs fruits, entraînant une forte hausse de la demande pour ses garde-temps. Pour répondre à l'augmentation des commandes, Yema s'est lancée dans une démarche d'optimisation de ses processus de fabrication et d'assemblage, témoignage de la clairvoyance stratégique d'Henri Blum. En 1953, Yema crée SORMEL, une filiale chargée de développer des outils professionnels non seulement pour Yema mais aussi pour d'autres industries au-delà de l'horlogerie.

Une première publicité s'adressait aux horlogers. (Crédit photo : Leclubyema)

SORMEL est devenu un élément déterminant dans la trajectoire de croissance de Yema, comprenant une équipe de professionnels qualifiés, dont beaucoup étaient diplômés de l'École Nationale de l'Horlogerie (ENH) et possédant une expertise dans les techniques modernes de fabrication et d'assemblage. Cependant, ce sont les directives visionnaires d'Henri Blum pour SORMEL qui ont véritablement propulsé le succès de l'entreprise :

  1. Mise en place d'une chaîne d'assemblage automatisée de montres.
  2. Standardiser l’utilisation d’un calibre unique de trotteuse centrale sur les montres-bracelets pour hommes.
  3. Établir une solide capacité de production de 100 000 montres par an pour les marchés d'exportation.

Ces initiatives stratégiques ont propulsé Yema sur des marchés jusque-là inexploités, en particulier dans les régions du Nord. En 1954, la première vague d’exportations a commencé, atteignant des destinations telles que les États-Unis, le Canada, la Suisse et même la Chine. Parallèlement, Yema, en tant que marque mère, s'est concentrée stratégiquement sur la pénétration des marchés européens, notamment la Tchécoslovaquie, l'Allemagne de l'Est et l'Espagne. Cette période a marqué une expansion significative pour Yema, alimentée par le leadership d'Henri Blum et les contributions de SORMEL ont été essentielles pour consolider la position de Yema en tant qu'acteur mondial de l'industrie horlogère.



Aller à l'international

Poussé par l'ambition et tirant parti des méthodes efficaces d'assemblage de montres de SORMEL, Henri a propulsé Yema vers une renommée nationale en France à un rythme étonnant. Cette ascension rapide a fait de YEMA International un nom bien connu, une réussite remarquable à cette époque. Le summum de la reconnaissance a été atteint lorsque le ministre des Finances, Antoine Pinay, a décerné à Yema le prestigieux Oscar de l'exportation avec distinction. Cette distinction symbolique a souligné la qualité et la précision exceptionnelles de Yema en matière d'horlogerie, suscitant l'admiration tant au niveau local qu'international.

Henry acceptant le prix lors de l'exposition Micronora International de Beasoçon en 1970. (Crédit photo : Leclubyema)

Notamment, les distinctions de Yema ne se sont pas arrêtées là. Onze ans plus tard, SORMEL reçoit une médaille d'or au salon Micronora International de Besançon en 1970 pour sa contribution au Label Technique en Horlogerie, Micromécanique et Microélectronique. Cette reconnaissance a encore solidifié la réputation de Yema en tant que leader de l'industrie, attirant même l'attention des fabricants en Suisse, un témoignage de l'efficacité et de l'innovation de SORMEL dans les processus d'assemblage.

Quelques équipements modernes de SORMEL dans la nouvelle usine de 1961.

En 1959, Yema a fièrement dévoilé sa première publicité internationale, mettant l'accent sur « l'exactitude et la précision » comme marque de fabrique. L'engagement inébranlable de la marque en faveur de la fiabilité, de la durabilité et des prouesses techniques a trouvé un fort écho dans la presse et parmi les consommateurs.

En 1961, Yema avait atteint des sommets sans précédent, produisant environ 300 000 pièces par an. L'approche stratégique d'Henri Blum a non seulement optimisé l'assemblage interne et le contrôle qualité, mais a également établi un solide réseau de distribution couvrant tous les pays. En collaborant étroitement avec les détaillants et les bijoutiers, qui étaient les principaux débouchés pour les montres dans les magasins physiques, Yema a consolidé sa présence et sa réputation de marque horlogère de premier plan.



L'usine à la pointe de la technologie

La nouvelle usine créée en septembre 1961.

1961 marque une étape importante pour Yema, au-delà de son impressionnante capacité de production. L'inauguration de son usine horlogère ultramoderne au 65-67 rue Des Cras à Besançon a été une réalisation monumentale, reflétant l'engagement de Yema en faveur de l'innovation et de l'excellence. La nouvelle usine, qui s'étend sur 2 400 mètres carrés, a été méticuleusement conçue pour donner la priorité au bien-être et à l'efficacité de chaque travailleur.

L'installation moderne disposait de fonctionnalités de pointe, notamment des environnements à température contrôlée et des configurations d'automatisation avancées conçues pour rationaliser le processus de fabrication. Un système de climatisation complet garantissait des températures stables dans l'ensemble des locaux, protégeant ainsi les machines et les matériaux délicats des fluctuations. De plus, des systèmes sophistiqués de filtration de l’air éliminent méticuleusement même les particules de poussière les plus fines, garantissant ainsi une qualité irréprochable pendant la production.


Quelques photos de l'intérieur de l'usine, où les horlogers bénéficient d'un environnement propice. Comme la disposition décalée du poste de travail (ci-dessus) et l'établi en polyester dans l'un des secteurs. (ci-dessous)


L'aménagement de l'usine a été minutieusement planifié, le premier étage abritant une chaîne de montage capable de produire 600 montres par jour. Ce qui distingue cette chaîne d'assemblage, c'est sa conception et sa production complètes par SORMEL, mettant en valeur l'intégration de technologies innovantes par Yema. Des postes de travail personnalisés et des emplacements d'usinage à un tapis roulant transparent et un système de manutention de boîtes, chaque élément a été optimisé pour l'efficacité. Cela était particulièrement remarquable compte tenu de l'époque, puisque les montres de plongée faisaient leur apparition dans les années 1960, soulignant la prévoyance et l'adaptabilité de Yema au sein de l'industrie.



L'essor de la maison française

Un contrôle de routine des batteries dans la nouvelle usine de Yema.

Des années 1940 à la fin des années 1980, Yema a connu une croissance rapide de ses ventes, alimentée par ses capacités internes et ses solides réseaux de distribution internationaux. Il convient de noter en particulier la période 1960-1980, au cours de laquelle Yema a atteint un taux de croissance annuel moyen de 38 %. Ce niveau de croissance soutenue était rare parmi les horlogers de cette époque, démontrant les performances exceptionnelles de Yema et sa pénétration du marché.

Un moment charnière dans l'histoire de Yema a été son expansion sur le marché américain. La distribution des garde-temps Yema au pays de la liberté était baptisée « Lejour ». Cependant, il est important de noter que toutes les montres Lejour ne sont pas des Yema ; l'entreprise importe également des garde-temps d'autres marques françaises comme Herma. Cette décision stratégique a permis à Yema d'établir une forte présence sur le marché américain tout en proposant une gamme diversifiée de montres sous différentes identités de marque, répondant aux préférences et aux goûts variés des consommateurs.



Le temps des honneurs

Une note intéressante dans le parcours d'Henry est sa décision d'adopter un nouveau nom. En 1966, il passe de Henry L. Blum à Henry L. Belmont. Ce changement a marqué un chapitre important alors qu’il a continué à diriger Yema avec une vigueur renouvelée. En 1982, M. Belmont a gracieusement passé le relais à son fils, Henry John Belmont, à sa retraite. Cependant, la retraite n'a pas atténué sa passion pour l'horlogerie. Il est resté une figure active, se plongeant dans la recherche et l’écriture historiques, contribuant ainsi énormément à l’industrie.

Signature à l'épreuve Henry avait changé son nom en « Henry Louis Belmont » en 1966.

Henry-Louis Belmont peut être assimilé à un vétéran de l'industrie horlogère d'aujourd'hui. En 1993, il reçoit le prestigieux prix Gaïa dans la catégorie « Recherche historique », reconnaissant ses profondes contributions. Ses publications acclamées, telles que « L'Échappement à Cylindre 1720-1950 », consolident encore davantage son héritage d'érudit et d'historien.

Henry recevant le prix Gaia en 1993. (au milieu) (Crédit photo : Chauxdefonds)

Le parcours d’Henry L. Belmont illustre le dévouement de toute une vie à l’horlogerie. Sa quête incessante de connaissances, depuis ses années de formation et de développement de compétences jusqu'à l'établissement de Yema comme l'une des marques horlogères les plus estimées, en dit long sur son expertise et sa passion. Grâce à sa vision et à son expertise, la saga captivante de Yema continue de prospérer aujourd'hui et restera sans aucun doute dans les mémoires des générations à venir.



Se préparer à travers Rocky Road

Comme mentionné précédemment, la direction de Yema a été confiée à Henry-John Belmont, fils du estimé HL Belmont. Henry Jr. a obtenu ses diplômes en tant que diplômé de l'Institut Polytechnique Nationale de Grenoble et de l'Institut Européen d'Administration des Affaires. Avant même d'en assumer officiellement la direction, Henry Jr. s'était profondément impliqué dans l'entreprise, suivant de près les traces de son père.

Une photo de Henry-John Belmont lui-même. (Crédit photo : Fiche des intervenants du forum FIHH en 2010)

Cependant, sa gestion de Yema a connu une fin malheureuse avant les années 90. Dans ce segment, nous nous penchons sur la transition de Yema d'une entité familiale à son acquisition par plusieurs conglomérats en raison de diverses circonstances. Malgré des défis tels que des protestations internes concernant les droits des travailleurs et les salaires, Yema a réussi à surmonter les difficultés lorsqu'elle était propriété familiale. Cependant, la dynamique a changé lorsque Yema a été vendue à des entités externes. Initialement fusionné avec le plus grand conglomérat connu sous le nom de groupe MATRA (Mécanique Aviation Traction), Yema s'est retrouvé dans un conglomérat principalement axé sur l'automobile, le vélo, l'aéronautique et l'armement, ce qui posait des défis importants. Dans cette section, nous explorons les luttes rencontrées par Yema pendant cette période incertaine.

Malgré la transition difficile, le père et le fils sont restés attachés à leurs activités horlogères. Enfin, au moins dans une certaine mesure pour Junior. Henry-John Belmont a brièvement investi dans le département horlogerie de MATRA avant de rejoindre le groupe Richemont, où il a joué un rôle central dans l'intégration de marques horlogères de renom comme Jaeger-Lecoultre, IWC et A. Lange & Söhne au sein du groupe.

Henry-John Belmont a participé aux premières étapes du Montblanc Exo Tourbillion, qui a donné naissance à ce magnifique garde-temps 2018. (Crédit photo : Watchtime)

Jérôme Lambert, ancien PDG de Montblanc, a attesté de son partenariat avec Henry-John Belmont de 1997 à 2002. En seulement cinq ans, Henry Jr. a façonné de manière significative la stratégie de développement de Montblanc et a apporté des contributions substantielles à son secteur horloger, laissant un impact durable sur M. .Lambert lui-même. Après sa retraite en 2014, Henry Jr. a créé sa propre société de conseil en marketing et industriel, « Belmont Conseil Et Associés », continuant de partager son expertise avec l'industrie.



La crise du quartz

Revenons à la fin des années soixante, une époque charnière où les montres à piles révolutionnaient l'industrie. En 1969, Seiko, un formidable horloger japonais, a dévoilé la révolutionnaire « Astron », la première montre à quartz au monde. Dans la foulée, un consortium d'entreprises suisses a lancé ses propres montres à quartz, notamment la « Beta 21 », en 1970. Ces événements ont marqué le début de la révolution du quartz, qui a posé un défi important aux montres mécaniques traditionnelles.
Yema, démontrant sa capacité d’adaptation et sa solidité financière, a rapidement adopté ce virage technologique. Contrairement à beaucoup d’autres à l’époque, Yema a investi dans un développement coûteux pour intégrer la technologie du quartz dans ses montres. Cette décision stratégique a souligné la résilience et le sens stratégique de Yema pour s'adapter au paysage changeant de l'industrie horlogère.

Cependant, malgré l'attitude proactive de Yema, la crise du quartz a eu des répercussions considérables sur l'ensemble de l'industrie horlogère mécanique, y compris sur les principales entreprises horlogères françaises. La transition vers la technologie du quartz a été particulièrement difficile pour ces entités familiales, manquant de ressources pour rivaliser avec des géants mondiaux comme Seiko.

Durant cette période tumultueuse, les horlogers français ont été confrontés à des défis sans précédent. En 1971, plusieurs sociétés, dont LIP, Yema, Dodane et Cattin, créent « Montrelec » dans le but de développer un mouvement à quartz 100 % français. LIP a obtenu un prêt substantiel pour soutenir ses opérations, tandis que chaque marque de Montrelec se concentrait sur des tâches spécifiques, telles que la production de composants.

Un calibre à quartz R33 Exachron des années 1970 par LIP. (Crédit photo : Crazywatches)

En 1973, Montrolec présente trois prototypes de calibre Quartz à la foire de Bâle, mais le projet connaît des revers, conduisant à son abandon. La même année voit la faillite de LIP malgré ses efforts dans la production de mouvements à quartz français. En revanche, Yema a changé de direction en collaborant avec Fairchild, un leader mondial de la production de quartz numérique et d'appareils électroniques LED.

Malgré ces manœuvres stratégiques, Yema a subi des changements de propriété en 1978 lorsque la maison horlogère française Jaeger a acquis une participation de 35 %. Même si certains y ont vu une rupture avec la philosophie traditionnelle de Yema, la réputation et l'expertise de Jaeger en matière d'horlogerie ont apporté de nouvelles opportunités à la marque, en accord avec son engagement en faveur de la qualité et de l'innovation.



Le changement de mains

Au cours de la révolution du quartz, un autre développement important s’est produit dans l’industrie électronique. Le conglomérat français MATRA, connu pour la diversité de ses intérêts, a noué un partenariat stratégique avec la société technologique américaine Harris Corporation, créant MATRAO Harris Semiconductor (VHS) au début des années 80. Cette alliance avait des implications plus larges, puisque MATRA détenait une participation de 25,5 % dans Jaeger, qui à son tour détenait 35 % de Yema. Ce réseau complexe de propriété est apparu lorsque MATRA a acquis indirectement Yema via l'acquisition de Jaeger en 1979.

Pour comprendre cette frénésie d’acquisitions, il faut remonter jusqu’en 1977, lorsque le gouvernement français a lancé un vaste plan de restructuration du secteur horloger, couplé à la nationalisation de grandes entreprises industrielles. Cette influence gouvernementale a ouvert la voie à des conglomérats comme MATRA pour acquérir des marques horlogères locales, aboutissant à la formation d'un secteur horloger officiel Matra en 1982.

Une vieille publicité d’une montre Jaeger française vintage. (Crédit photo: Regarderuseek)

Dans ce paysage en évolution, Richard Mille, initialement directeur commercial et export chez MATRA Horlogerie, a joué un rôle central. Le parcours de Mille depuis ses études de marketing à l'Université de Besançon jusqu'à la gestion des zones d'exportation pour Finhor et finalement jusqu'à devenir directeur des exportations de la Compagnie Générale Horlogère (CGH) au sein du groupe MATRA montre les changements dynamiques de l'industrie au cours de cette période. La création ultérieure de sa marque éponyme en 1999 a marqué un nouveau chapitre de son illustre carrière.

La légende elle-même, Richard Mille, qui a su croiser la route de Yema dans des moments difficiles. (Crédit photo : Montredo)

Alors, que se passe-t-il avec le groupe Hattori tout d'un coup ? L'implication du groupe Hattori, propriétaire de Seiko, ajoute une autre couche de complexité. Jacques Meyer, ancien PDG d'UTINAM Besançon puis PDG de MATRA Horlogerie, a accompagné ces transitions. MATRA Horlogerie détenait une participation minoritaire dans UTINAM Besançon, qui était le représentant exclusif de Seiko en France. Cet alignement stratégique a ouvert la voie à des acquisitions indirectes et à des transferts de propriété au sein du secteur horloger.

Yema, au milieu de ces transformations, change à nouveau de mains en 1988. La décision de MATRA de céder sa division horlogère conduit au rachat de Yema par la famille Hattori, marquant son intégration dans le groupe Seiko. Ce changement reflétait des notions économiques et culturelles plus larges au sein de l’industrie horlogère, où les marques françaises traditionnelles étaient confrontées à des défis pour s’adapter à la dynamique changeante du marché et aux priorités de leadership changeantes.

Résultats de la division MATRA pour 1983 et 1984. (Crédit photo : Leclubyema)

Laissez-moi vous expliquer un peu plus. Ce changement a été exacerbé par la décision stratégique de MATRA de se concentrer uniquement sur des activités non horlogères, conduisant à la négligence et au transfert éventuel de marques françaises comme Yema vers Seiko. Les nouveaux dirigeants de l'époque manquaient d'une compréhension approfondie de la valeur et de l'héritage de l'horlogerie traditionnelle et ne savaient pas comment gérer cet aspect de l'entreprise. En fin de compte, compte tenu des conditions de marché actuelles et des changements stratégiques, il semble que Yema se soit retrouvée dans une position défavorable à un moment inopportun, contribuant ainsi à sa transition vers la propriété de Seiko.

La disparition de LIP lors de la crise du Quartz a encore souligné les défis auxquels sont confrontés les horlogers français traditionnels. La faillite de LIP a marqué la fin symbolique d'une époque, soulignant la complexité de la gestion des marques patrimoniales dans un contexte de turbulences économiques et de paysages industriels changeants.



Sous l'empire de Hattori

Avant de revenir sur le parcours de Yema au sein du groupe Hattori, il est crucial de comprendre les origines de la société mère de Seiko, initialement connue pour distribuer des montres avant de se lancer dans la fabrication. Cette transition a ouvert la voie au groupe Hattori pour acquérir des marques françaises, avec l'intention de tirer parti de Yema comme canal de distribution des mouvements Seiko.

Sous la direction japonaise, Hattori a rationalisé ses opérations horlogères françaises en créant la Compagnie Générale Horlogère (CGH) en 1988 pour superviser la distribution de Seiko, Jaz, Pulsar, Lorus et Yema. CGH a notamment élu domicile dans les anciens locaux de l'usine LIP à Besançon.

Les marques de la Compagnie Générale Horlogère. (Crédit photo : Leclubyema)

L'intérêt du groupe Hattori pour ces marques était clair : participer à l'assemblage de montres en Europe et développer ses ventes sur les marchés européens. Cette démarche stratégique a également permis au groupe de réguler les parts de marché, notamment pour Seiko et Pulsar, en imposant des limitations à des marques comme Yema, assurant ainsi le contrôle de la concurrence tant au niveau local qu'international.

Ce contrôle est devenu évident en 1991 lorsque les ventes de Yema ont chuté à 220 000 montres contre deux millions auparavant, reflétant un déclin plus large des marques horlogères françaises en raison de la diminution des bénéfices et de l'augmentation des licenciements au sein du groupe Hattori. Malgré cela, Yema conserve son statut de filiale et passe sous la direction de M. Toyoji Todaka en 1995.

Sous la direction de M. Todaka, Yema avait pour objectif de retrouver son ancienne notoriété, en se concentrant principalement sur la revitalisation de sa présence sur le marché français. Cette décision stratégique illustre les efforts continus au sein de Hattori pour naviguer dans les complexités du paysage horloger européen tout en gardant le contrôle de son portefeuille de marques et de son influence sur le marché.



La touche de Richard Milles

L'homme qui a choqué l'industrie horlogère avec sa marque a commencé son aventure avec Yema. (Crédit photo: Ablogtowatch)

Je voudrais évoquer une période passionnante où M. Richard Mille a croisé la route de Yema. En tant que directeur des exportations de Matra, mettant à profit son expertise, il a laissé une marque significative sur certains projets de Yema dans les années 1980.

Connu pour ses garde-temps avant-gardistes réputés pour leur qualité inégalée et leur design futuriste, les montres de M. Mille sont de véritables chefs-d'œuvre qui défient les conventions et se connectent avec l'avenir. Cette philosophie semble avoir ses racines dès ses débuts chez Matra.

Alors qu'il supervisait les marques horlogères de Matra, M. Mille avait remarqué la campagne astronaute de Yema initiée par HJ Belmont. Cette campagne a présenté des développements extrêmes et futuristes, incitant M. Mille à présenter encore plus de montres adaptées aux aventures extrêmes.

L'écologiste français Nicolas Hulot. (Crédit photo : Politico)

Un projet notable était une montre créée pour Nicolas Hulot, un éminent activiste écologique connu pour ses expéditions audacieuses. La collaboration de M. Mille avec Hulot a donné naissance à une série de garde-temps Yema destinés aux aventuriers, dont le célèbre explorateur Jean-Louis Etienne, qui a réussi l'exploit d'atteindre seul le pôle Nord en 1986.

Gauche : Yema Pôle Nord, Droite : Yema Bi Pole. (Crédit photo : Leclubyema)

Les montres Yema North Pole et Bi Pole, spécialement conçues pour Etienne, étaient dotées de mouvements 24 heures uniques adaptés aux conditions extrêmes proches des pôles. Fabriquées en titane, ces montres étaient robustes et ergonomiques, reflétant la vision de M. Mille de montres durables et fonctionnelles.

Monsieur Jean-Louis Etienne. (Crédit photo : Polarpod)

Autre création marquante de Yema durant cette période : la série Spationaute, conçue pour que les astronautes français puissent la porter lors de missions spatiales. Ces montres, équipées de mouvements à quartz robustes et de bracelets velcro pour combinaisons spatiales, ont mis en valeur les prouesses innovantes de Yema, même dans le domaine difficile de l'exploration spatiale.

Gauche : Yema Spationaute I, Droite : Yema Spationaute II. (Crédit photo : Leclubyema)

La collaboration de Richard Mille avec Yema pendant son séjour chez Matra met en évidence son esprit d'innovation et son engagement dans la création de montres d'avant-garde. Ses contributions aux projets de Yema au cours d'une époque difficile pour l'horlogerie française soulignent sa clairvoyance et son dévouement à repousser les limites du design horloger bien avant de créer sa marque éponyme.

Partie 2

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